Mon atelier, c’est ma bulle hors du temps, ma planète fantastique, mon île déserte, mon paradis sur terre, mon havre de paix, l’endroit au monde où je me sens le mieux. Son bazar ordonné, son odeur de terre, sa lumière. Même quand il fait gris dehors, l’atelier est lumineux. L’atmosphère y est saine, les murs respirent (tuffeau, pierre calcaire de la région). Sushi et Zéli, mes fidèles compagnons d’ateliers à quatre pattes, s’étalent et ronronnent sur la table ou s’installent dans la vitrine de la boutique. Lorsque les beaux jours sont là, les portes restent ouvertes, les piaillements des oiseaux donnent la note de musique, pause-café au soleil dans le petit jardin. Entre deux pots tournés je me laisserai peut-être séduire par l’envie d’arracher quelques mauvaises herbes! Le rythme est trouvé !
Technique de travail
Je travaille beaucoup avec le tour de potier, de temps en temps je travail avec la technique de la plaque pour des plats ou faire des longs tubes comme certains de mes vases. J’aime montrer la terre dans son état brut donc je ne la couvre pas complètement d’émail, j’aime aussi les différentes textures qu’elle peut avoir, craquée, poussée, marquée par les doigts ou d’autres objets.
J’ai choisi le « Grès » pour sa robustesse, ses couleurs et sa température de cuisson. Je mélange toujours plusieurs terres, certaines fois je ne sais plus ce que j’ai mélangé, j’aime les surprises.
Mes pièces sont cuitent en atmosphère réductrice dans un four à gaz pour me permettre d’utiliser des émaux « Shino » « Celadon » « Carbon trap » ; la cuisson avec l’émail dure 9h et je monte jusqu’à 1290°.
Préparation de la terre
Très importante, elle est essentielle car le mélange des terres influencera les émaux et donnera la couleur finale à la pièce. Il m’ arrive parfois de prendre plusieurs reste de terre déjà mélangés et de remélanger avec d’autres morceaux, au final, c’est une surprise, ça j’adore !!!
Tournage
Travailler sur une série qui ne sera jamais supervisé par un trusquin ou partir sur des réalisations de pièces uniques, le tour reste mon grand amour. Si dès fois le « parfaitement rond » me dérange alors je le déforme, tourner à partir d’une motte carré m’amuse aussi, glisser le long d’un grand coup d’un vase est jubilatoire, j’imagine qu’un
surfeur doit avoir cette sensation sur une bonne vague.
Tournassage
Étape importante aussi car j’aime les belles finitions et surtout j’aime les pieds. De plus la terre à ce moment de durcissement est un réelle plaisir à travailler, tailler ces longs rubans dans la masse, je ne m’en lasse pas.
Émaillage
L’étape qui me fait le plus peur. On a réussi toutes les étapes jusqu’à ce stade pour avoir un bel objet , une belle forme et le mauvais choix d’émail, une mauvaise pose, une autre densité et l’objet aura été gâché. Donc il faut bien connaître ses émaux, avoir les bons gestes et être à l’écoute de son instinct ! Mon idéal serait un émaillage qu’à l’intérieur des pièces et la flamme et les cendres d’un four à bois pour donner les couleurs à l’extérieur. Le feu et les essences de bois peuvent tellement surprendre.
Les cuissons
la première : le biscuit (dégourdis) se fait à 950° dans le four électrique. La terre est cuite, solide mais reste poreuse, ce qui lui permettra de prendre l’émail.
La deuxième : celle de l’émail se fait dans un four à gaz. Je travaille, pour le moment avec des « Shino », des « Carbon trap », des « céladon », il m’est donc indispensable d’avoir un atmosphère réducteur. Je cuis à 1280°.
La troisième : l’or, petite touche finale pour certaines pièces. Cuisson à 750°.